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L'Estudiantine : une coop d'habitation étudiante en plein cœur du centre-ville

Élisabeth Thériault
Élisabeth Thériault

Josée Beaudoin

En août 2006, Élisabeth Thériault quitte Québec pour venir étudier le droit à l'Université de Sherbrooke. Le pincement au cœur qu'elle ressent en voyant ses pa­rents refermer la porte de son premier appartement est alors chassé par l'arrivée du voisin. François, du 101, cogne à toutes les portes pour faire connaissance. À peine une heure plus tard, une bande de joyeux lurons se prépare un grand souper de spaghettis improvisé. Les étudiants sortent à pied rue Wellington, car leur résidence, la coopérative L'Estudiantine, est au cœur du centre-ville de Sherbrooke.

Les prémices d'une coopération

Peu de temps après son arrivée, Élisabeth Thériault devient membre du conseil d'administration de la coop de sa résidence étudiante. «C'est une occasion pour nous d'avoir un pouvoir sur notre milieu de vie», explique-t-elle. Il faut dire que l'Estudiantine constitue une coop nouveau genre. Il s'agit de la première coopérative d'habitation pour étudiants hors campus au Québec. «Habiter en dehors du campus permet aux é­tu­diants d'élargir leurs horizons, et cela les incite à se promener davantage. C'est un plus pour la communauté universitaire, pour les étudiants et pour la Ville», résume Hugues Grand'Maison, le représentant de l'Université au conseil de l'Estudiantine.

La coop est située à deux pas du terminus d'autobus et d'une microbrasserie installée dans l'ancienne gare de chemin de fer du centre-ville. Le projet a permis la revitalisation d'une section de la rue Wellington sud : un garage désaffecté, un immeuble de bureaux et une ancienne usine d'embouteillage de Coca-Cola se dressaient là à une époque. «Cette première phase est le résultat d'importantes rénovations et de nouvelles constructions, mais elle a surtout exigé une formidable collaboration entre le monde universitaire, le monde municipal et le monde coopératif», explique Karine Lavertu, membre de soutien de la coop.

Les élus et les responsables du milieu coopératif ont dû en effet être attentifs aux besoins des étudiants. Ce sont les étudiants, ceux-là mêmes qui ont amorcé ce projet de coopérative au centre-ville, qui ont exigé que le bâtiment respecte des critères environnementaux élevés. Jacques Côté, de la Coopérative d'habitation des Cantons-de-l'Est, a assumé la direction des travaux jusqu'à leur a­chè­ve­ment. Il a été mandaté par l'Université pour étudier la faisabilité du projet.

Les appartements de l'Estudiantine, spacieux et aérés, permettent aux étudiants de partager des espaces communs comme le salon et la cuisine.
Les appartements de l'Estudiantine, spacieux et aérés, permettent aux étudiants de partager des espaces communs comme le salon et la cuisine.

«Lorsque j'ai présenté le projet, en 2005, le conseil d'administration formé d'étudiants m'avait fait part de ses préoccupations environnementales. Bien sincèrement, je croyais que cette rencontre demeurerait sans suite. Je me suis complètement trompé! Karine Lavertu a pris les choses en main et, le 19 janvier 2006, je recevais un document intitulé Mémoire sur l'efficacité énergétique et la conception durable de l'Estudiantine. Ce document contenait les demandes des étudiants.»

Résultat : la coopérative est aussi le premier immeuble à logements multiples certifié Novo-Climat à Sherbrooke. Une certification qui implique notamment une meilleure qualité d'air à l'intérieur, des appartements mieux isolés, plus confortables et sans infiltration d'air, ainsi que l'accès à des espaces verts en plein centre-ville. Selon les calculs du prologiciel d'Hydro-Québec, l'Estudiantine devrait épargner 16 000 $ annuellement en frais d'électricité.